La TDS 2021 de Sève

Petit CR de notre « bout de TDS »
Cette année, avec Jérôme, on s’est inscrits sur la TDS, la Trace des Ducs de Savoie, qui part de Courmayeur vers Chamonix, en passant par le Beaufortin, 144km 9100mde D+, une belle course sauvage et technique comme on aime !
La préparation physique est là, le mental aussi, je pense, tous les deux bien déterminés à ne pas reproduire certaines erreurs du passé et à aller au bout !
Le départ se fait en 5 vagues, je pars dans le 1er sas à 15h30 et Jérôme dans le 2ème, 7 minutes après moi, la météo est bonne pour l’instant mais prévoit des averses violentes en soirée… On verra bien !
Je suis bien dans ma bulle dès le départ, ça monte d’entrée, histoire de se mettre dans le bain ! Je prends mon petit rythme, le feeling est bon, je le sens bien !
Belle montée jusqu’à l’arête du Montfavre, faut pas aller trop vite c’est que le début ! Puis descente, tranquille jusqu’au lac Combal, c’est magnifique. Au ravito pas grand monde, je prends le temps de refaire le plein d’eau et repart doucement. Ouh mais un petit vent se lève, ça commence à cailler, je m’arrête pour m’habiller et prendre ma veste de pluie. Et quelques minutes plus tard, il commence à pleuvoir ! C’est rien, juste une averse, je rajoute quand même mon poncho par dessus ma veste, je n’aime pas là pluie ! mais en fait le ciel se charge très rapidement et c’est carrément l’orage qui éclate ! Allez je positive, ce n’est que de l’eau 💦 ça va se calmer ! Du coup je cours tout le long de la descente, attention à ne pas s’emballer quand même, ce n’est que le début ! J’arrive enfin au col du petit St Bernard où je vois très brièvement Amelie, je suis trempée et j’ai froid alors je file vite au ravito, au chaud ! Un beau jeune homme de l’orga me dit que la pluie est finie la nuit s’annonce plus clémente. Tant mieux, j’enlève mon poncho, met un pull, avale 2 verres de bouillon chaud avec des vermicelles, qu’est-ce que ça fait du bien ! Et je repars requinquée, même plus froid !
Maintenant c’est 15km de descente jusqu’à Bourg St Maurice, alors faut y aller doucement, parce qu’après, c’est LE gros morceau de la course qui commence !
À Seez je revois Amelie, qui me dit que Jérôme n’est pas loin, je repars, sans l’attendre et file à Bourg St Maurice, au 51ème km.je prends le temps au ravito, car je sais que c’est maintenant que le gros morceau attaque ! 2000mde dénivelé sur a peine 11km! Ça va piquer !
Allez c’est parti pour environ 4h de montée , les gros dénivelés j’aime ça ! Je prends mon rythme, doucement, surtout ne pas s’essouffler, faire des pauses régulièrement, et ça monte, ça monte, c’est raide par endroit, il fait nuit, mais on voit un peu le paysage quand même, on voit une mer de nuages au dessus de Bourg St Maurice, c’est superbe !
Ça monte toujours, je laisse passer des gens, et commence à avoir presque sommeil, ah non c’est pas le moment !
Tiens j’arrive à un fort, ça doit être le 1er, Cathy m’avait dit que le pointage était au 2ème, ah ben finalement on me pointe ! Je demande si on est déjà au fort de la Platte, on me répond, oui, oui, c’est bien ça ! Ah alors j’ai déjà fait la moitié de la montée ! Finalement ça passe vite ! Je demande quand même combien de temps il faut pour arriver en haut, au Passeur de Pralognan, et le gars me répond, il faut environ 2h, mais ça risque d’être modifié en haut, il y a eu un accident, il y a eu un mort ! Pardon, je le fait répéter… Oui il y a eu un mort, c’est une catastrophe ! Moi qui commençait à avoir sommeil en montant, je me réveille d’un coup, la chair de poule… Et je lui dit, on fait quoi ? Montez, la course n’est pas arrêtée !
OK je me reconcentre, plus réveillée que jamais ! Ça monte moins fort, à présent, finalement elle passe bien cette montée ! J’arrive à un passage un peu technique, attention, il y a déjà eu un accident là haut, prudence. Je suis bien dans mon rythme, vraiment de bonnes sensations, j’aperçois le sommet, trop contente, je suis sur le point de finir LA grosse difficulté du parcours, après c’est une descente technique jusqu’à Cormet de Roseland, je vais la faire cool, aller jusqu’à Beaufort au 90ème où je pourrais me poser et après j’aurais largement le temps de finir…
J’arrive donc au sommet du passeur de pralognan au km 61, je suis à 50 m du pointage et vois un attroupement de coureurs qui attendent depuis un moment déjà ! Qu’est ce qu’il se passe ? Personne ne sait vraiment… Il y a eu un accident…. Oui je sais… Je m’assois comme tout le monde, commence à m’habiller avec toutes les couches que j’ai dans mon sac, je n’avais pas froid en montant, mais là à l’arrêt, il fait vraiment froid ! Il est 3h30 du matin et on est à 2600m d’altitude! Tout le monde a froid, sort les couvertures de survie… Et toujours pas d’info… J’attends 1h comme ça, dans le froid, et là un des coureurs appelle l’orga et la nouvelle tombe ! La course est annulée ! Il faut faire demi tour et redescendre à Bourg St Maurice ! Oh non ! J’essaie d’appeler Jérôme, en vain, je me doute qu’il n’est pas loin ! Le temps que tout le monde comprenne la décision, ça ne bouge pas vite là haut. Je commence enfin à faire 1/2 tour, double quelques personnes en espérant retrouver Jérôme et je l’aperçois ! Il était juste une centaine de mètres derrière moi ! Très en forme lui aussi ! Ouf ! On essaie de se réchauffer mutuellement. On s’est vraiment refroidi et là ça ne bouge pas, on n’est toujours à l’arrêt ! Qu’est ce qu’il se passe encore ? Et on attend, on attend… Le jour commence à se lever et on est toujours là, en haut à attendre pour pouvoir redescendre !
Y aurait il un problème au passage technique que j’avais vu en montée ? Et oui, l’orga a voulu sécuriser le passage avec des cordes et laisser passer les gens un par un ? Eureka, après 4h d’attente en haut, on peut enfin descendre !
La bonne nouvelle, c’est qu’il fait jour et donc moins froid. On redescend donc ces 2000m en admirant le paysage…
À Bourg St Maurice, des navettes nous attendent pour nous ramener à Chamonix.
Voilà, on est bien déçu de ne pas être aller au bout de cette aventure, bien malgré nous… Dommage, les sensations étaient là, un bon feeling, on était bien déterminés à aller au bout.
Au total 72km, 4437m de D+, 3530m de D-
Mais on ralativise en pensant à ce pauvre coureur…
Je ne l’ai pas cité dans mon récit, mais bravo aussi à David qui était sur cette course également 😉