Le trail des Passerelles de Sylvaine

Le trail des Passerelles en récit…
Ouf, j’y suis ! Il est 18H32 dimanche 15 juillet 2018. Me voilà sur la plage de la base nautique de Treffort après 40 km et 2100 m D+, 9H20 d’effort, de doutes et d’émerveillements ! L’équipe de France mène 4/1 contre la Croatie en coupe du monde Football !
Comment je suis arrivée là ? Ah oui, en décembre 2017, sur facebook, un post annonce l’ouverture des incriptions pour le trail des passerelles… ni une, ni deux, je m’inscris sur le 40 km… c’est le seul parcours qui passe (2 fois!) sur les 2 passerelles du lac de Monteynard.. Ce sera mon objectif de l’année !
De manière générale, ma prépa (qui n’en est pas une) consista en quelques séances de fractionnés, des footing réguliers et de belles rando-courses avec dénivelé… la plus grande étant le marathon de l’hortus fin mai (sortie du club) où j’ai été arrêtée au 30ème km en raison des barrières horaires. Je cumulais environ 50 km par semaine pour assurer les 40 km du trail !
Dimanche 15 juillet, réveil 5H30 dans l’appart loué à gresse en vercors avec 7 amis du club. Arrivés sur les lieux de la course à 7H30, on avait 30 mn pour mettre notre sac en consigne, prendre le départ et arborer les couleurs de la France 🇫🇷️… oups, 7H50, un orage éclate au dessus de Treffort et l’organisation décide de différer le départ… impossible de passer les passerelles sous l’orage. On prend enfin le départ à 9H10 : la pluie s’est arrêtée… 30 mn plus tard, le soleil est là, bien présent et il ne nous quittera plus de la journée ! Les débuts sont une partie roulante de 5 km jusqu’à la première passerelle de l’Ebron… Waouh ! On arrive en surplomb et c’est grandiose… je m’apprête à traverser et une femme est tétanisée et ne peut avancer… elle est sûrement restée là et n’a pas pu faire le trail… le parcours entre les 2 passerelles est agréable à l’aller, il le sera moins au retour… Passage de la 2ème passerelle, celle du Drac : encore plus longue et le paysage est magique ! Après, on aborde tranquillement la montée vers le Sénépi… ravitaillement au village de Mayres Savel… je prends mon temps car j’ai faim – il est 11H et je sais que je dois grimper 800 m D+ en 5 km… alors je mange bien (le fromage local est une tuerie!) et je m’hydrate (la clé de la réussite de cette journée sous 30° C !) Je repars vers 11H10 et là, ça commence à piquer sévère… heureusement que cette montée est bien ombragée car la pente avoisine les 30% pendant 1,5 km ⛰️… puis s’ensuit une longue piste (pente plus raisonnable) en plein cagnard pour atteindre les alpages du Sénépi. Quand j’amorce la descente, je suis soulagée mais aussi, un peu entamée… le ravitaillement des alpages arrive et une bénévole m’accueille et m’offre une casquette FFF pour compléter ma panoplie de supportrice des bleus ! Cette casquette ne me quittera plus me permettant de me rafraîchir au moindre point d’eau. Pas trop d’appétit à cet endroit… je bois, remplis mes gourdes et repars – 6 km de descentes m’attendent et ça me réjouit (j’ai horreur des montées!) sauf que, la descente roulante que j’avais vue en rêve, c’est pas vraiment ça… plusieurs passages avec très forte pente (ouille les cuissots!) quelques racines récalcitrantes… des portions variées et qui, au final, m’ont aussi un peu sapé le moral… re-passage au ravitaillement de mayres-savel… je m’asperge, je bois bien et je mange 2 tucs… c’est toujours difficile d’avoir faim… je l’accepte (je vis le temps présent 😇) et sais que j’ai de quoi manger sur moi. Descente vers la passerelle du Drac… re-passage passerelle – encore plus beau que le matin – je savoure et prends des photos, mon côté reporter est toujours présent et surtout, me permet des moments de récupération… Le passage entre les 2 passerelles fut le moment de l’introspection et du doute… je savais qu’au ravitaillement du 32ème, on pouvait être dévié pour atteindre le finish sans passer par la côte rouge (600 m D+ de la mort qui tue)… en contre partie, pas de classement normal et un chrono sur 35km et 1600 m D+… j’étais mal dans ma tête mais pas trop dans mon corps… quand on marche, ça va quand même… je commençais à voir les affres des kms sur mes compagnons de route, les coureurs du 65 km partis à 5H30 du matin et qui avaient eux 55 km dans les jambes… ça me minait… c’est le moment que choisit ma montre pour s’arrêter – et oui, quand on est lente, il faut une montre avec de l’autonomie ! sur la passerelle de l’Ebron, même la côte de fin de passerelle est difficile – la honte d’avouer ça quand même… au ravitaillement de la passerelle de l’Ebron, les bénévoles sont toujours charmants… je mange, bois et aperçois la fameuse barrière – à gauche l’enfer 😈avec sa côte rouge, à droite le paradis👼 et ses 5 kms descendants vers l’arrivée… et je vois aussi le panneau 8 km (chemin de la côte rouge)… c’est quoi 8 km ? Un footing avec les copines le dimanche matin ? Un entraînement du lundi ? C’est rien en fait… 600 m D+ c’est quoi ? J’sais pas mais c’est décidé : je vais choisir l’enfer et finir cette course coûte que coûte ! Et là, c’est le drame : on attaque une montée inhumaine, un mur interminable… allez Sylvaine, un pied devant l’autre et pas après pas je grignote la côte rouge… je suis plutôt bien physiquement par rapport aux coureurs du 65… les pauvres… certains font des malaises, les secours sillonnent la colline pour prodiguer leurs soins… Eh ! il est 17H10, les bleus ont commencé leur finale ! Je regarde si j’ai du réseau et allume la radio de mon smartphone… grand succès auprès de mes compagnons de route… au gré du réseau 4G, j’ai pu profiter de la finale en mode radiophonique. Au 37ème , un ravito surprise nous attend (ce point d’eau a été décidé le matin pour parer à la chaleur du jour) et c’est aussi un poste médical… je vois tous ces coureurs mal sous leur couverture de survie… bon, il reste 4 km environ : selon la bénévole du ravito, 500 m faux plat montant et grande descente finale… plus rien ne m’arrêtera et je serai finisher ! Ouille la descente ! Je cours encore là où certains, ayant laissé leurs genoux sur le sénépi ou leur fessiers entre les passerelles, descendent sur les fesses ou souffrent de devoir mettre un pied devant l’autre… Enfin, les rives du lac et la ligne droite qui m’amène vers le finish… je passe devant une terrasse de café bondée : la france gagne 4/1 à ce moment-là 🏆, un jeune homme m’applaudit et me le dit pour m’encourager ! Je franchis la ligne : je suis finisher 🏁 sur 40 km et 2100 m D+… Ravie, heureuse, plutôt fraîche… le chrono n’est pas glorieux mais le but atteint : finir les 40 km ! Le temps que je récupère mon paquetage, qu’une douche se libère… j’entends les clameurs de la foule amassée devant les écrans : la France est championne du monde de football 2018 !!! c’était vraiment une super journée !