L’Echappée Belle 2022 de Sébastien Gody

Mon 1er ultra-Trail :
L’intégrale de l’Echappée Belle, 149 km, 11 000 m D+ :
Merci Tony MARCHAUD de nous avoir « proposé » ce challenge  en septembre 2021…

11 mois de préparation pour cet objectif, c’est très long, je suis novice pour une telle aventure, j’aurais besoin de me rassurer, d’acquérir de l’expérience.
Je planifie un programme « sans se prendre la tête » , je sais que la saison se gagne l’hiver (d’octobre à mars), saison où il m’est plus facile de m’entraîner.
Il faudra aussi que le groupe soit tiré au sort… car nous sommes 10 pour cette aventure !
La SaintéLyon fin novembre, le marathon de Paris début avril, le défi des balcons d’azur mi avril et la Transjutrail sortie club début juin me permettront de me fixer des objectifs intermédiaires entrecoupé d’entraînements et de sorties ludiques…
Mais plus l’échéance approche plus j’ai du mal à me motiver, les deux derniers mois, juin et juillet sont difficiles, moins de temps, plus de travail, trop de chaleur, la famille, le jardin… Aziz me « bousculera » à plusieurs reprises…

Je ne suis pas inquiet, je sais pertinemment que ce Trail est impossible à réaliser, la distance, le dénivelé et surtout la gestion de deux nuits consécutives sur plus de deux jours de course…

Mon objectif est d’accompagner au maximum les expérimentés et d’apprendre l’ultra.

Jeudi 18, on arrive :
Tony, Béa et Sèb me récupèrent à Valence, nous partons chez la sœur d’Hélène qui nous héberge à proximité de Vizille, lieu de départ de l’Echappée Belle.
Nous retrouvons donc Hélène et Lionel sur place et attendons les arrivées de Cathy-Chacha-Aziz puis de Jean Jack-Chloé-Brian.
Une fois tous réunis, la préparation des sacs rythme la fin d’après-midi avec la pesée (de 3kg pour Lionel à 6kg pour moi, certainement trop prévoyant !).
Nous enchaînons avec l’apéro, chips eau pétillante et bière pour certains, puis passons à table (une sacrée tablée de 15) avec le bon repas, pâtes à la carbonara, compotes et chocolat.
Il faut maintenant se coucher, nos hôtes nous répartissent dans les chambres, je dors sur un matelas dans le salon à côté d’Aziz et de Jean-Jack qui partagent le canapé.
Ces instants sont très sympas, ça rigole, ça chambre…
Il est 22h, nous prévoyons un levé pour 4h, mais… difficile de trouver le sommeil et quand tu dors, l’ami JJ se réveille en sursaut et s’exprime à voix haute : « mon gobelet, mon gobelet ! » il se précipite sur son sac… puis l’orage et la pluie rythment notre nuit avec les allées et venues aux toilettes jusqu’à ce que JJ se lève tôt, à 3h20 pour se préparer et préparer son sac déjà prêt !
Tout le monde suit à son rythme, petit déjeuner et direction Vizille sous la pluie.
Je me remémore quelques échanges dont celui de JJ, la course commence à la base de vie du Pleynet au km 63, il faudra donc être patient…

Vendredi 19, enfin… :
Le départ est donné à 6h, 2 petits kilomètres de course sur le plat (les deux seuls !) avant d’entamer la montée boueuse en forêt.
Je m’arrête enlever ma cape de pluie car j’ai chaud, je ne reverrai plus Lionel, je rattrape un peu plus tard le groupe qui commence à se disperser au 1er ravitaillement, Chacha ne s’attarde pas, suivi d’Aziz puis de Sylvain, je décide de rester « au chaud » avec Tony, Sèb, JJ et Cathy légèrement derrière.
C’est aussi le moment où nous croisons pour la première fois nos assistants suiveurs, Alain, Éric, Béa, Brian, Chloé et certainement d’autres que je n’ai pas croisé.
Nous poursuivons et changeons radicalement d’environnement, la pierre, sous toute ses formes (mais surtout bien robuste) nous confirme que nous sommes en haute montagne accompagnée d’un vent et d’une pluie fine qui s’allient pour nous déstabiliser.
Difficile d’admirer le beau paysage et ses lacs, nous avançons lentement, il fait froid, très froid, certainement 5° en ressentie, mes pieds et mains souffrent de ces conditions, je suis en mode SaintéLyon, je sais que ça ne devrait pas durer.
Nous enchaînons les portions et rattrapons Aziz à quelques centaines de mètres du refuge de la Pra, il n’a plus de jus, je suis inquiet, il s’est tellement entraîné ; c’est à cet endroit que nous apprenons la modification du parcours, nous ne franchirons pas La Croix de Belledonne, trop dangereux.
Un peu plus tard, nouveau réconfort avec le binôme Didier-Richard, ils nous accueillent au refuge Jean Collet et nous renseignent sur les copains, Lionel est toujours devant suivi de Chacha puis de Sylvain qui gère admirablement sa course, seul, je suis admiratif.
On prend du temps, on discute, on se détend, on observe les deux évacuations de deux coureurs via l’hélicoptère puis nous attendons l’arrivée de Cathy avant de repartir ; nous n’avons pas de nouvelles d’Aziz mais il semble qu’il n’ait pas abandonné (selon les infos du Live).
C’est reparti, direction le Pleynet, tout le monde nous attends dont mes parents et ma fille Ilona, nous enchaînons une portion de 9 km puis de 17 km avec des cols infranchissables, des descentes extrêmement techniques, il n’existe pas de véritable chemin, nous sommes sur le royaume du rocher ; le temps s’est amélioré mais ça glisse terriblement, la nuit tombe et entamons la descente du col de la Vache. Longue, interminable, dangereuse… JJ chute et met plusieurs minutes à s’en remettre, rien de grave mais il s’est fait peur, nous poursuivons, nous avons lâché Cathy et pensons à elle.
Nous terminons la descente très technique de ce col et pointons à un refuge, nous sommes accueillis par deux jeunes bien sympathiques qui nous rassurent, le Pleynet, 8 km… nous poursuivons, JJ prend parfois quelques mètres de retard, sa chute va laisser des traces psychologiques, nous avançons tous les 4 confiants de retrouver très rapidement nos amis. Que nenni, de nouveaux bénévoles nous informes qu’il nous reste 7 km, impensable, nous avons dû en parcourir au moins 4, ils nous mettent aussi en garde pour une portion très technique. Notre mental est mis à rude épreuve, on peste, Seb est malade depuis le dernier col sans pouvoir vomir, Tony a quelques nausées, on râle mais on poursuit. Nous apercevons enfin des lumières et espérons retrouver nos familles et amis, la descente est très technique et se termine en souffrance, nos échanges sont négatifs, le terme d’abandon est évoqué d’autant plus lorsque nous nous rendons compte que l’arrivée au Pleynet n’est pas directe, je viens d’appeler Ilona pour lui indiquer que nous sommes là, juste en face, mais un panneau de randonnée nous indique encore une heure de marche, ça peste… c’est interminable, nous avançons tête basse et pensons à Cathy, seule et isolée, ça sent la fin de l’aventure mais rien n’est encore décidé.

Samedi 20, tout bascule :
Base de vie du Pleynet, il est environ 1h30, nos amis et familles nous accueillent, ils sont nombreux, heureux de nous retrouver même à cette heure si matinale, ils sont tous géniaux, c’est bon de vous revoir tous, ma fille est fière et tout excitée, mes parents se tiennent un peu à l’écart, nous nous changeons sous une tente au chaud, JJ annonce son abandon, Sèb semble faire le nécessaire pour repartir, Tony a l’air d’accusé le coup, je me change et crème mes pieds, je suis interpellé par JJ qui me demande si je peux poursuivre avec Brian, son gendre, « pacer » qui devait l’accompagner pour la suite de l’aventure, j’hésite, confusion, pas de décision hâtive…
Nous devons manger et nous reposer tellement nous sommes fatigués, il faut dormir un peu (ce qui m’inquiète car c’est nouveau pour moi) puis prendre une décision.
Nous sommes à table, avec nos amis assistants dans un restaurant prévu à cet effet, pâtes bolognaises, Béa, en face de moi avec Tony en mode « détresse », Sèb en bout de table n’arrive pas à manger, je déguste les 3/4 de mon assiette et soudain je me lève, j’appelle Brian, « on y va, on repart maintenant ». J’ai peur de dormir et de ne pas pouvoir repartir. Certes je suis épuisé, mais je ne suis pas malade, pas blessé et encore en avance sur la barrière horaire.
Je salue JJ, embrasse Sèb qui n’a pas bougé devant son assiette, puis j’embrasse Tony qui me glisse à l’oreille : « fais sonner cette cloche »
Il est environ 2h30, nous repartons avec Brian, Cathy n’est pas encore arrivée, je ne la reverrai plus, je ne sais pas où l’on va ni pour combien de temps, je n’avais rien prévu de tel, une forme de folie et d’inconscience me guide.
4 km de descente légère, nous marchons à bon rythme mais je ne peux courir, une nouvelle douleur sur le genou gauche a fait son apparition. Je regrette aussi mon attitude, de ne pas avoir insisté auprès de JJ, Seb et Tony pour poursuivre l’aventure, je culpabilise aussi, j’accuse le coup car l’extrême fatigue est bien présente, j’interpelle Brian car je suis exténué, j’hésite à me jeter au bas côté du chemin, à tout stopper, je veux dormir…
Je résiste 2 km supplémentaire, un accompagnateur nous informe de la suite du parcours, 3 km de montée, je regarde Brian et accepte sa proposition, il m’offre un gel à la caféine (je n’aime pas et ne bois pas de café !), je fais la grimace mais je prends le temps de tout engloutir. Je regarde Brian et je lui dis, ok, on y va.
L’effet du gel est immédiat (!), effet placebo peut être aussi (!), nous entamons cette montée qui me rebooste avec un bon rythme en rattrapant et doublant une dizaine de Trailers.
Au bout de 2,5 km, un concurrent en mode pause nous informe qu’il reste encore 2,5 km de montée… c’est le genre d’info qui vous coupe l’envie. Nous acceptons malgré tout et poursuivons, nous apercevons un nouveau ravitaillement de mi parcours où il fait bon profiter du beau feu qui nous réchauffe, de la soupe aussi, du bon fromage… il nous reste quelques centaines de mètres de montée avant d’entamer la descente sur Gleyzin où je prévois de dormir, le jour s’est levé.

Brian est exemplaire, il me guide, me motive, avance à mon rythme.
La descente est longue, pas difficile, mais pénible, nous nous faisons doublés, nous sommes bien meilleurs en montée ! Ravitaillement de Gleyzin, il est environ 8h, cela fait 26 heures de courses pour 80 km et 6 300 de D+, il est temps de se reposer. La barrière horaire est à 10h, on a du temps devant nous, on prévoit 30mn de sommeil… Brian n’arrive pas à dormir, quant à moi, j’effectue deux siestes de 5mn qui me font un bien fou, mais pas plus, allez savoir pourquoi ? Nous nous ravitaillons et enchaînons pour la prochaine étape, direction le kilomètre 100, c’est le ravitaillement de Super Collet où nous allons retrouver tous nos supporters, c’est extrêmement motivant !
Je m’étais fixé des objectifs intermédiaires, km 63, Le Pleynet, puis le km 100 à Super Collet afin de dépasser ma plus grande distance déjà effectuée, et pour le reste du parcours, avancer simplement par étape.
Brian est en forme, il part courir quelques mètres avec les concurrents du 82 km qui nous rejoignent sur le même parcours, avant d’entamer la montée sur Super Collet, nous devons être au km 93, nous sommes vigilants car 3 de nos amis (Nico, Micka et Valentin) sont engagés sur cette course, il y a donc une chance de les apercevoir. David est aussi engagé sur le 60 km, nous ne le croiserons pas non plus.
Nous sommes en forme, nous avançons bien, pas de difficultés particulière, les nombreux coureurs du 82 km nous doublent jusqu’à ce que Nico pointe son dossard, il a l’air en forme, dynamique, agile aussi, étonné de nous voir, il ne s’attarde pas, il est dans sa course et nous explique que Micka et Valentin sont partis plus tard dans le second sas de départ.
Nous poursuivons dans un état de fraîcheur surprenant et nous sentons l’effervescence du ravitaillement ; effectivement nous surplombons Super Collet et apercevons une véritable base de vie, du monde de partout, de la musique, du soleil et nos amis qui sont venus nous accueillir, Chloé, toujours la pour son Brian chéri, le sourire et toujours le grand sourire de Béa, Karine, Eric, Alain, Nadia, JJ, JP, je suis heureux de tous les retrouver, je check avec tout le monde, ils nous accompagnent pour les 200 derniers mètres, puis j’aperçois Cathy, je suis heureux de la revoir et de l’embrasser, triste de son abandon, j’aurais tellement souhaité l’accompagner au bout, puis vient le tour de nos deux supers coachs, Seb, Tony, mes yeux virent, je suis déçu et content de les voir et fier de continuer l’aventure pour eux aussi. Ilona me rejoint à sont tour, elle est toujours aussi admirative, j’aperçois mes parents que je vais embrasser et puis je suis pris en charge… Je rejoins le groupe, euh pardon, la famille club26Allan, il y a Eva et ses deux filles, Souad et les enfants, Nathalie, Didier, Richard, Chachaouette, Hélène, Christelle et Jérôme, j’essaie de saluer tout le monde mais ils sont nombreux, je file tout de même embrasser Aziz qui a malheureusement abandonné, échanges de messages et d’encouragements, des petits mots par ci par là, des regards, des accolades, tout le monde a le sourire, je débriefe avec Cathy…
Incroyable, je vis une nouvelle expérience, tout le monde est au petit soin, j’ai même le droit de m’assoir dans la chaise du patron, « le Chacha », je n’ai d’ailleurs pas le choix ! Je suis gêné, pourquoi tant de soutien, j’ai l’impression de ne pas être à ma place, il y a un an, j’accompagnais Seb, JJ, Valentin et Didier pour les assister, et aujourd’hui, c’est mon tour, je n’étais pas prêt pour cela !
Mes parents sont admiratifs, ce club est une véritable écurie de F1, tout est fait pour réussir dans un environnement de joie, de sourires, de conseils, on me remplie mes gourdes, on m’amène à manger (sandwich jambon beurre de Béa, le Yop de Tony), on sort mes affaires de mon sac… Cathy me masse les jambes… et Seb me prépare à la suite du parcours, les 3 dernières étapes, environ 6h, puis 5h30 puis 2h30 ; ça va être long, même pas peur, prendre ces étapes les unes après les autres et continuer d’avancer.
C’est au tour de Jérôme de me prêter main forte, il semble bien connaître le parcours et m’encourage à surmonter la difficile portion et la montée au col d’Arpingon (1500 D+ pour 17 km) pour rejoindre Val Pelouse.
De son côté, Brian est pris en charge par sa Chloé, JJ et d’autres supporters assistants, il se repose aussi.
Nous prenons des nouvelles des copains, Lionel subit davantage la course, Chacha est en mode « je gère et j’avance » et Sylvain, plus marqués, poursuit sur son rythme, toujours seul, impressionnant.
Les bonnes choses ont une fin, il faut repartir, il est environ 14h30, nous sommes reboostés, nous saluons tout le monde et nous nous donnons rdv à Bourget en Huile pour certains très matinaux et à Aiguebelle, lieu d’arrivée, pour d’autres le lendemain matin.
Il faut de suite monter sur un sentier très large, une piste de ski sans fin, pendant 30mn difficile avant de basculer et de redescendre plusieurs kilomètres avec de bonnes douleurs.
Arrive ensuite la difficile montée au col d’Arpingon, 800m D+ sur 4km environ, ça pique, d’autant que la météo est sombre, grise, angoissante, ça monte dure, petit replat, ça remonte dure, petit replat, ça remonte dure, … , notre mental nous aide à franchir ce col interminable, direction Val Pelouse, encore une longue descente, Brian est fort et je le suis.
La nuit tombe lorsque nous arrivons au ravitaillement, je propose à Brian de dormir de suite puis de nous ravitailler. Il y a du monde, du passage, du bruit, un chien qui aboie, j’enlève mes lentilles, mes yeux me brûlent, je m’allonge et m’endort seulement 5mn, j’ai l’impression que c’est suffisant, je remarque que Brian dort, je prends alors mon temps pour m’habiller chaudement, je me suis refroidi, je crème mes pieds puis je me dirige au ravitaillement et je tombe sur Brian !
Il n’a pas dormi, s’est levé rapidement et son lit de camp a été récupéré par un autre concurrent, on en sourit !
Une bonne soupe, une fois de plus, du bon fromage, je recharge mes gourdes et aperçois, dehors, le maillot du club, il s’agit de Valentin, seul, assis au sol, malade, il abandonne, j’essaie de le motiver façon UTMB, mais rien y fait. On échange quelques mots, nous le laissons et repartons en direction de Bourget en Huile, rassuré avec Brian, car une pancarte cartonnée nous indique la suite du programme, peu de D+ sur les 15 km suivants !!!
Avec Brian, nous sommes déboussolés, nous apercevons des frontales à droite, en face, à gauche avec une longue descente, nous suivons les fanions et nous n’arrivons pas à comprendre notre direction, nous avons l’impression de tourner en rond, les soi-disant petits D+ sont longs, interminables et pénibles, seul la vallée éclairée au loin nous redonnent du baume au cœur.
Brian s’arrêtera au Bourget-en-Huile comme prévu, il reste tout de même motivé, je le laisse m’emmener sur ces dernières pentes, je l’encourage aussi et lui dit de profiter de ces derniers instants.
La dernière descente, longue, plus de 1 100 m de D- est aussi très pénible, nous sommes patients mais impatients de terminer.
Chloé, Ilona, Seb, JJ nous accueillent à 800m du ravitaillement, mes parents sont aussi sur place, Eva et les filles aussi alors que M. super Sylvain est déjà passé !
C’est la dernière pause, Seb me borde, gestion du matériel, gourdes, je crème une nouvelle fois mes pieds, Ilona m’apporte à manger, je me change et revêtis notre maillot du club, je suis prêt pour la dernière étape de 2h30 comme annoncé par Seb au ravitaillement de Super Collet, mais il revient sur son annonce et rectifie par 3h30,…, même pas peur !
JJ m’apporte un dernier conseil, ne reste pas seul, essaie de trouver un concurrent pour finir…
Je salue tout le monde une dernière fois et remercie vivement The Super Brian qui aura effectué, à mes côtés et en me guidant, 24h de course pour environ 71 km et 4 800 D+, chapeau , merci Brian.
Il est 3h15, Ilona et Seb m’accompagnent, je suis en forme, motivé, je trottine, les sensations sont bonnes, je double quelques concurrents, je marche très vite puis j’avale les derniers 500m de D+ en doublant d’autres coureurs qui semblent scotchés, je ne suis pas raisonnable, mais bon, je profite de la dernière montée car je sais que je ne pourrais pas faire de même pour la longue descente tant mes deux genoux me font souffrir.
Arrivé au sommet, vers 4h45, j’anticipe, j’avale un gel, une barre énergétique, je continue de bien m’hydrater mais il est trop tard…
Je vais vivre une nouvelle expérience, 30mn d’hallucinations, c’est incroyable, j’ai conscience de ce qui se passe, mon esprit hyper réactif crée des formes de tout genre au sol et je ne vous parle pas de l’environnement, je vois des choses qui se déforment, les arbres s’approchent de moi, je marche en titubant, je le vis et je suis conscient, je continue, j’espère que ça va passer.
Je me rends bien compte de ne pas avoir écouter les conseils de JJ, expérimenté, ma jeunesse et ma fougue non maîtrisée…
La descente se précise, longue, environ 1 000 D-, je me fais doubler mais je tends l’oreille, oui, je crois bien reconnaître le bruit d’une cloche, ça sent bon l’arrivée.
Je poste un message à 6h15 « j’entends la cloche sonner » et je suis accueilli quelques minutes plus tard par Tony, Seb, Hélène et Lionel que je félicite ; nous continuons de descendre mais je remarque que Lionel suit péniblement, je ne comprends pas pourquoi il est venu à ma rencontre avec ses difficultés de déplacement et questionne Seb qui me précise que Lionel souffre de ses deux genoux et qu’il n’a pas encore franchi la ligne ! Je suis étonné et j’en reste surpris.
J’appelle Ilona, ma fille, qui souhaitait effectuer l’arrivée avec moi, je la rejoins avec Seb et Alain, toujours présent, il reste 500m sur 149 km !
Au bout d’une ligne droite, à 200m, j’aperçois le maître, Chacha, je l’embrasse, je le félicite et je me vante d’être finisher, il sourit, puis je reparts avec Ilona et Sèb, 100m, Cathy est aussi venue à notre rencontre, nouvel embrassade, je suis fier, je termine avec Ilona et franchi la ligne d’arrivée, les supporters-assistants-amis sont bien présents, je pousse la cloche pour la faire retentir et je pense à Tony (qui accompagne l’arrivée de son ami Lionel) et qui me disait au Pleynet : « fais sonner la cloche » ; c’est fait, Tony 
Je remercie ma fille si fière puis j’embrasse Seb en le remerciant, c’est au tour d’Alain puis de mes parents, mon papa est ému…
Je rejoins « la famille jaune étoilée » , c’est l’heure des embrassades et des félicitations malgré l’heure très matinale et la fatigue pour tous.
J’aperçois le super Sylvain, finisher fatigué, il est encore là pour m’attendre et attendre l’arrivée de Lionel qui se précise, nous l’apercevons avec Tony qui l’accompagne.
Quel délire !
Impensable, je suis fatigué mais heureux, je me sens bien, je cherche Tony, on avait prévu de boire une bière  à l’arrivée quelque soit l’heure, on la partage et trinquons avec le groupe.
Nous prenons le temps de discuter tous ensemble, d’échanger sur ces deux jours et demi exceptionnels, je me lave puis mange, je profite encore de la présence de tous, vous avez été remarquables, merci pour ce superbe accompagnement sans faille 
Il est temps de rentrer, je m’allonge dans le camping car de mes parents et m’endort instantanément !
C’est une nouvelle expérience difficile mais très enrichissante, l’ultraTrail n’est pas une simple course, c’est de la GESTION, gestion humaine, mentale, physique, alimentaire, gérer les moments faibles, savoir s’économiser aussi, garder son cap, analyser la distance, les montées et les descentes…
La course à pied est un sport individuel, mais au CLUB26Allan, c’est un sport collectif !
Alors un énorme MERCI à tous les licenciés, au super coach Guy et à « ses assesseurs » pour l’animation des entraînements, à tous les copains et copines d’entraînements.
Merci maman, papa et Ilona d’avoir accepté de m’assister 
C’est une victoire collective, elle est pour vous, Aziz, Cathy, JJ, Seb, Tony et Brian 
On a encore d’autres aventures à écrire avec tous les licenciés, pour la fête des 30 ans, pour la nouvelle course du club, lors de nouveaux Trails, en France et ailleurs…