La PICaPICA de Seb, 16 aout 2019

LA PICaPICA A AUZAT LA COURSE DES FOUS

Certains se disent : comment ont’ils décidé de faire une course pareille ????

Suite à un repas entre amis, Gibus le copain d’Hélène nous propose une course atypique adaptée spécialement pour les montagnars : la PICaPICA. La 1er édition en 2018 avait été interrompue suite au mauvais temps ,donc aucun temps de référence et aucun finisher.

Après quelques jours de reflexion, Tony me propose de faire la course avec lui, on voit bien que le profil est monstrueux : 109km 11500D+, une pente moyenne de 23%, 16 Pics à plus de 2400m dont 4 à plus de 3000m d’altitude…. Alors on estime notre temps à environ 35/40 heures en comparaison de La Diagonale Des Fous qu’on avait fait en 2015 (168km/9950D+ 45h30, ça fait 1500m de D+ en plus mais 60km de moins), grossomodo ça doit être ça.

Après un entraînement pas du tout planifié, une déchirure pour Tony et une pleurésie pour moi , on ne peut pas dire que l’on était vraiment prêts. On décide donc de faire chemin ensemble sur notre foncier, tranquille, comme à notre habitude, pas pour faire un temps, mais pour arriver au bout.

Tony arrive deux jours avant à Auzat et m’envoie ce SMS « On est arrivé, c’est comment dire, abrupte ». Je commence à m’inquiéter un peu. Moi j’arrive la veille et vois ces hautes montagnes qui surplombent le village, oufff !ah oui! c’est abrupte!!

On va chercher nos dossards et on écoute le brieffing de l’organisateur de la course, il donne les consignes de sécurité et nous explique bien que c’est un ULTRAMONTAGNE !!! pas un ULTRATRAIL ,que le terrain est très difficile, que c’est la haute montagne et que sur certains tronçons il faut faire très attention.

On prépare tout, on mange et on s’endort pour prendre le départ le vendredi matin à 8h00.

Après un petit km de goudron on attaque direct dans le pentu, on passe par la course de la veille le km vertical, mais nous on en fait un peu plus : 10km et 1830D+, d’entrée de jeux ça pique….

Arrivés au 1er sommet, on admire le paysage et toutes ces hautes montagnes tout autour, c’est splendide. Un bénévole nous décrit le tracé, c’est loin et très haut,dans un décor magnifique, mais voilà,il va falloir repartir vers la base de vie, une descente raide nous attend dans les cailloux et sur une herbe spéciale « la gispet », spéciale car elle glisse vraiment beaucoup et on a testé, plusieurs fois sur le cul.

Avant l’arrivée à la base de vie,où on passera 2 fois, mon fils Thibaut nous attend en amont sur le chemin pour nous accompagner, il fera ça cinq fois tout au long de la course et avec Tony on languissait toujours de le voir.

Sur la base de vie, Nath, Aurélie, Béa et Hélène nous attendent pour s’occuper de nous et il faut dire qu’on a été bichonné à chaque ravitaillement. Après un hamburger artisanal pour Tony et pas grand-chose pour moi, on repart pour un début de nuit qui nous emmène sur Andorre.

Là, le 1er problème commence, quelques débuts de crampe pour moi, qui par chance ne durent pas mais mon problème gastrique habituel que je croyais oublié(car habituellement en début de course) revient au bout de 10h00. Du coup ça se complique pour moi et toute la nuit Tony m’encourage, me motive pour tenir le coup, jusqu’au lendemain matin où de retour à la base de vie, le docteur me donne un cachet qui ne guérira pas tout mais va bien améliorer les choses (dans la nuit, plusieurs fois dans ma tête je pensais abandonner).

Après un ravitaillement où cette fois chacun mange son hamburger, une petite sieste de 30 minutes pour moi et le kiné qui s’occupe de Tony, on repart pour la partie la plus dure du circuit : 13.5 km 2015D+ et 1405D- et presque 8h00 sur cette partie.

On a souffert, montée très raide, +de 35% dans des traces tout juste définies, des marches de 80cm, du terrain glissant, un névé à traverser, dur dur quoi, pour enfin arriver au sommet du Mont Calm (3077m). Vue imprenable sur les lacs d’altitude,de plus on rencontre les participants de la course du samedi : le maratrail. On admire le paysage et surtout on surveille les 3 autres sommets, le Pic d’Estat 3143m,Verdaguer 3129m, Port de Sullo 3072m qu’on doit gravir dans la foulée. Les 2 premiers encore ça passe mais le 3éme va nous faire très très mal psychologiquement car il faut bien redescendre et bien remonter dans un terrain mou et glissant, pour finir en escalade avec des cordes, pour ensuite bien redescendre et encore bien remonter, grrrr on s’en serait passé de celui là….

Sur chaque sommet il fallait poinçonner notre dossard avec des pinces d’orientation pour bien montrer qu’on était monté, car pas de bénévole au sommet mais quelques coureurs ont eux estimé que ce n’était pas obligatoire et se sont fait disqualifier.

La grosse différence avec les courses déjà faites c’est que d’habitude, on passe le col et on redescend, mais là non, à chaque col on monte voir le sommet et les chemins ne sont pas toujours bien tracés, voire il nous faut escalader pour certains sommets.

Il s’ensuit une descente interminable, alors pour info, avec Tony, on est des descendeurs, des cabris en faite, mais là franchement toutes les descentes étaient super techniques donc impossible de courir. On sautait de pierre en pierre, marchait sur des dalles, sur des traces glissantes, on recherchait constamment le bon tracé pour ne pas trop encaisser dans les quadris.

Arrivés au dernier ravitaillement où on allait voir nos supporteurs qui nous avaient quitté 9h30 plus tôt, oui c’est long pour eux mais pour nous aussi…

Là, on sent bien qu’on va finir malgré qu’il reste une bonne côte de 1500m de D+, que tout le monde n’arrête pas de nous dire : vous allez souffrir…comme si c’était pas déjà fait hihihi.

Après de grands encouragements de toute l’équipe de supporteurs on s’en va finir ce périple et la 2éme nuit commence. Dans la nuit noire on est monté longtemps sur de grandes dalles, c’est étrange ça.. et passage de gros blocs en gros blocs, pour enfin arriver au dernier ravitaillement. Là on se régale à parler avec les bénévoles qui eux on vu seulement 70 coureurs après 42h00 de course, incroyable non ! A ce moment là,avec Tony on se dit qu’on est en train de faire un truc de dingue et qu’on va finir.

Dernière étape : 400Md+ et 120D- on y va franchement, on monte bien , on se faufile entre les cailloux et les rochers pour enfin finir sur la seule partie qu’on a pu courir du circuit, 6 km légèrement descendant. Je dis à Tony on trottine un peu sinon ça va être long et nous voilà partis à 11km/h sur ces 6 derniers kms. Bizarrement on n’a pas mal aux jambes même nous on ne comprend pas…

On voit enfin la lumière des luminaires de Auzat, Tony siffle fort comme d’habitude pour signaler qu’on arrive et Thibaut encore là à 5H du matin nous répond. On avait peur qu’il ne soit pas là car on nous annonçait une arrivée bien plus tardive..

La délivrance , Auzat et tous nos supporteurs sont là après 45h15 de course, à 5h15 du matin Nath, Aurélie,Thibaut, Béa, Hélène et Gibus nous accueillent dans des applaudissements avec une dizaine de bénévoles pour passer enfin la ligne d’arrivée.

On ressent l’émotion et la joie extréme de Gibus qui nous avait parlé de cette terrible course et qui nous voyant passer la ligne d’arrivée nous enlace et nous offre une bière à chacun. Avec Tony on a vraiment ressenti qu’il était fier de nous, ça fait très chaud au cœur ça.

Le 1er finit en 25h51, nous 67 et 68éme en 45h15 45s sur 104 arrivants sur 190 partants. Neuf coureurs ont fini entre 50 et 55 heures(barrière horraire d’arrivée 50h), mais quand même pris en compte par l’organisateur vu la 1er édition de la course.

Ils attendaient le vainqueur en 22h00 environ, résultat 4h de plus vu la difficulté de la course.

Alors comment dire une course extrêmement dure et exigeante, avec des pentes folles en % et difficile par son tracet, on la recommande pour tester ses capacités mais nous on n’ y retournera pas, celle là c’est fait…….

Un grand merci à ma femme, mes enfants, Béa, Hélène et sa maman, Gibus, leurs garçons, Joana, Anthony, Rachel, Yohan, la personne qui nous a prété le logement et à vous tous qui nous avez supporté derrière votre ordinateur.

Merci l’ambiance de ce CLUB26ALLAN et à une prochaine..