Le premier ultra d’Aziz: l’ultra trail du beaujolais vert 2021

Mon Premier Ultra
Ce n’est pas dans ma nature que de publier sur Facebook. Mais pour Mon Premier Ultra, je me suis dis qu’il fallait que je vous raconte pour évacuer ce que j’ai en moi…
Mon Premier Ultra commence 2 jours avant la course. Oui 2 jours avant. Pendant les nuits, je me lève en plein milieu, complètement en sueur. Je suis en train de courir dans mon sommeil. Je ne me l’avoue pas mais la course me travaille l’esprit. J’appréhende beaucoup, je stress certainement. Je me demande comment mon corps va encaisser, comment il va réagir.
J’aurais pu parler de ma préparation pour cette course en introduction, mais je n’en ai pas fait ! Oui je suis fou ! Sur les 3 derniers mois, j’ai couru moins de 200km. C’est ce que je fais habituellement en 1 mois quand je n’ai rien à préparer. C’est peut-être ça qui me travaille le plus. Est-ce que je suis prêt ?? Dans tous les cas, je ne peux plus faire marche arrière, je me suis inscrit, alors il faut que j’assume…
Vendredi 8 octobre, c’est le jour J. Etant inscrit à peine 15 jours avant, je n’ai pas pu décaler tous mes RDV professionnels. Du coup, je travaille le matin. Je finis comme prévu autour de midi et je prends la route direction Cublize. J’y arrive vers 14h. Arrivé sur place, je croise la ESSON’S Family ! Intérieurement, ça me fait un bien fou de les voir ! On échange rapidement puis je file récupérer mon dossard. Il faut que je trouve à présent un endroit où manger, et un endroit ou je peux me poser un petit peu. Pour ce qui est de manger, ça sera l’Intermarché le plus proche ! A cette heure-ci, plus personne ne sert à manger… Pour ce qui est de dormir, ça sera la Clio 4 banche siège conducteur, sur le parking du Mac Do. Bref, une préparation de course aux petits oignons… !!
Il est 19h, je me gare sur le parking prévu pour les coureurs. Je commence à m’habiller, et à préparer mes affaires. Je n’ai rien oublié…enfin je crois…la course me le dira. La ESSON’S Family me rejoint peu de temps après. Ça me rassure encore de les voir. L’heure approche, on sent la pression monter.
20 minutes avant le départ, on se dirige tous les 3 sur la ligne. On croise Karine, venue nous soutenir avec son copain (oui oui, elle a quelqu’un !!!). On fait quelques photos, le sourire en façade…
21h00 ! C’est partis. La course commence. Je décide d’y aller très prudemment. C’est Mon Premier Ultra, je veux aller au bout, quoi qu’il arrive… (ça sera la devise de mon récit, quoi qu’il arrive…) Je cours les premiers km avec Séverine. Jéjé est partis devant. Je le laisse filer. Lui se connait sur ce type de parcours, pas moi…
Je décide de laisser filer aussi Séverine. Je veux gérer ma course. Je préfère courir trop prudemment, que pas assez. J’enchaine les kilomètres. Tout se passe à merveille. Je mange bien, je m’hydrate bien, je prends bien mes pastilles anti-crampes, et je n’ai pas sommeil. Avant de partir, je me suis dit : Tu te fixes des objectifs de 10km. Tu en auras 11 en tout (j’ai un bac S 😉). Ça me permet de ne pas me projeter trop loin. Car la course va être longue…
Ma première contrariété sera avec ma frontale ! Batterie chargée à fond, elle ne tient pas plus de 2h. Heureusement, j’en avais prévu 3, j’ai bien fait… Je continue à avaler les kilomètres. La nuit se passe plutôt bien. Un peu froid par moment. Il faut dire que l’air est très humide. En plus de la transpiration, on est trempé à cause de l’humidité ambiante. Je décide de ne pas trop m’arrêter jusqu’à la première barrière horaire. Je la passe sans difficulté, avec je crois plus de 2h d’avance. Je me dis que c’est de bon augure pour la suite.
J’arrive au ravitaillement du 50-ème kilomètre. J’avais prévu un sac avec des rechange au cas où. L’organisation de la course le permettait. Finalement, je reste comme je suis. Je vide simplement ce que j’ai en trop sur moi, et enlève quelques couches. Le soleil ne va pas tarder à se lever, je n’aurais plus besoin des tous les équipements de la nuit. Je regarde ma montre, j’ai encore une bonne avance sur la prochaine barrière horaire. Plus de 4h ! Je me sens super bien, mais je décide de prendre mon temps. Je m’allonge un petit peu, je prends le temps de bien récupérer. Finalement, je reste sur place pas loin de 1h30. Ce n’est pas grave, ce n’est pas du temps perdu, c’est du temps investit…
Je repars de là-bas vers 7h. Le soleil se lève. Je réalise que j’ai passé la nuit dehors ! Sans « difficulté ». C’est une première victoire pour moi. Ça me rebooste encore plus….
Je continue à avaler les kilomètres. Notre JJ disait que l’Ultra était un pèlerinage. Je confirme, c’est exactement ça. Je pense et repense à tout. J’ai une vie qui va à 2000 à l’heure. Je prends enfin le temps d’être seul avec moi-même. Je pense à ma famille, mes amis, mon entourage, les gens que j’ai croisé dans ma vie et qui ont fait ce que je suis aujourd’hui…
J’arrive au ravitaillement du 60ème kilomètre. J’ai franchi 6 étapes sur 11 😉. Je ne m’attarde pas trop et décide de repartir rapidement. Je continue à courir et là, je sens quelque chose que ne va pas ! C’est le début de la galère…
Plus j’avance et moins j’arrive à poser mon pied au sol. J’essaie de me rassurer en me disant que ça va passer mais ça ne passe pas ! Plus j’avance et plus je souffre. Dans les côtes, je m’aide des bâtons. En revanche, sur le plat et les descentes, je n’avance pas ! J’ai de plus en plus mal. Je regarde mon genou et je le vois gonfler à vue d’œil. Les descentes sont raides. Et là où normalement c’est mon point fort, courir en descente, ça devient un véritable calvaire. J’essaie de rester lucide en continuant à bien m’alimenter, à bien boire. Je me repasse dans la tête les paroles de notre Seb Drivon : « Tu auras des passages difficiles, mais ça va passer. Ça mettrait peut-être un peu de temps mais ça va passer. Il faut l’accepter. » Je tente donc de me rassurer en me disant que ça va passer. Mais je suis conscient que ça ne passera pas, pas pour moi… Je serre les dents. 1 milliard de chose me passent par la tête ! La réaction des gens, de ma famille, de mes amis si j’abandonnais. Puis surtout, ma propre déception si je devais en arrêter là.
J’irais au bout, quoi qu’il arrive. Ma devise du départ ne lâche pas mon esprit. Je serre les dents et avance petit à petit. Je me dis que chaque pas de fait n’est plus à faire. Dans ce genre de situation, on se motive comme on peut…
Quelques heures plus tard, autour du 80ème kilomètre, je craque, la douleur est trop forte et les pentes de plus en plus raide. Il me reste encore près de 30km à faire. J’ai besoin de réconfort mais je suis seul depuis un bon moment déjà. Je décide d’appeler Jéjé et demande des conseils pour passer la douleur à Séverine. Mis à part straper, il n’y a rien à faire. Je pensais avoir tout ce qu’il faut pour courir mais non ! Je n’ai pas pensé au strap. Quel c– !! Je craque au téléphone. C’est très dur dans ma tête…
Je repars tant bien que mal, en boitant ! Je veux au moins arriver jusqu’au prochain ravitaillement. Il est au 90ème km, soit dans environ 10 bornes. Une fois sur place, je demanderai de l’aide aux équipes médicales. Je crois que j’ai mis plus de 2h à faire ces 10km. Interminable ! J’arrive sur place, prend quelques forces et demande à voir un médecin. Ils ne sont pas sur place. Obligé d’attendre qu’ils arrivent. Je reste presque 30 minutes à les attendre. J’ai presque plus de batterie sur mon téléphone. Rien de moins rassurant… Ils arrivent enfin. Verdict : Ils ne peuvent rien faire pour moi. Je dois abandonner ! On passe presque 15 minutes à échanger. Ils essaient à tour de rôle de me convaincre de rendre mon dossard. Mais je leur explique que j’irais au bout, quoi qu’il arrive…
A partir de ce moment-là, je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je me suis levé de ma chaise, j’ai pris mes bâtons, et en avant !! Je rattrape les coureurs partis quelques minutes avant moi. Je les double comme si je démarrais la course. Je grimpe les dernières côtes non sans mal, mais avec une force intérieure que je ne saurais vous expliquer. Le corps a des ressources qu’on ne peut imaginer… Même la dernière côte, tant redouté car un véritable mur, se passe à merveille. Il me reste 6km de descente. Je serre les dents et je me dis qu’à ce moment-là, j’ai plus le droit de subir. Je dois savourer la course. Je dois profiter de chaque pas, de chaque mètre et faire en sorte que chacun d’entres eux, soient une victoire. Je vois au loin les derniers bénévoles : « l’arrivée est dans 1,4km »
Ça sent bon l’écurie !! J’entends la musique, je vois les lumières. Je me dis que j’y suis. Je vais arriver au bout de Mon Premier Ultra. J’arrive dans le dernier virage, j’entends mon Jéjé crier mon nom, il vient me rejoindre. Ça me fait un bien fou !! Toute la pression retombe. Je craque une nouvelle fois mais pas pour les mêmes raisons qu’il y a 30km. Je craque car j’ai souffert, je suis passé par tous les états, mais malgré ça, je suis arrivé au bout de mon objectif, je suis arrivé au bout de moi-même. Je suis arrivé au bout de Mon Premier Ultra. Je prends le temps d’appeler ma famille, mes gens proches. Je souris et j’ai des larmes qui coulent sur mes joues. Ça pourrait presque faire un arc en ciel…😊
Voilà mon récit. J’espère qu’il n’aura pas été trop long. C’est une expérience de dingue. J’espère que chacun des lecteurs vivra ou revivra une expérience comme celle-ci (sans la douleur si possible 😉). Place maintenant au repos et à la récupération. Je vais prendre le temps de soigner mes bobos, avant de vivre de nouvelles aventures…
Merci à tous ceux qui m’ont suivi, les gens du club, ma famille, mes amis, ceux qui me sont proches. Je ne vais citer personne car tous se reconnaitront…
C’est aussi grâce à vous que j’ai pu aller au bout de Mon Premier Ultra.
Je vous aime…